• Sous la mer

    Loin du tumulte des villes et de leur stress, loin de la paix et du calme préoccupé de la campagne, et de sa dépendance, il existe un troisième monde, un monde sourd, un monde de silence. Alors que les villes sont grises, alors que la nature de la campagne n’offre qu’une palette réduite de couleurs, ce monde-là présente une multitude de couleurs vives et variées.

    Alors que je m’enfonce lentement dans l’eau, déjà je vois autour de moi de petites billes colorées qui passent dans tout les sens. Plus je m’avance et plus ce royaume se dévoile. Palais de corail pour royaume de couleurs, illuminé par les rayons du soleil qui les ravivent de plus belles, c’est un spectacle magique et chamarré qui s’offre au regard. Le seigneur dauphin de ces lieux vient saluer l’hôte que je suis aujourd’hui. Il fait faire le tour du propriétaire, et j’en suis ravie. Noble et juste il sait me considérer comme son égal. Mais le temps m’est compté, je dois le laisser.

    Je m’enfonce plus avant dans les profondeurs ; tout devient plus sombre, les bulles qui s’échappent de ma bouche s’élèvent comme dans les cieux et ressemblent à des milliers de petites lunes dans cette nuit obscure. De petits poissons argentés passent devant moi, sortant tout à coup d’une forêt d’algues en dessous de moi, et mes yeux s’accoutumant à l’obscurité je détaille mieux le monde qui m’entoure. Par endroit sous un rocher je vois disparaître un reflet blanc. Mais je n’irai pas voir de quel poisson il s’agit : devant mes yeux ont surgit des méduses phosphorescentes, étranges nuages effilés, cheveux d’anges lâchés au vent des courants…

    Ce monde de silence mélange les couleurs dans un mouvement si fluide que les formes en sont allongées. Cela nous permet de voir apparaître de sirènes, créatures mystiques, vives et frêles nymphes aquatiques qui s’esquivent dans le moindre remous de l’eau.

    L’obscurité se fait plus épaisse ; elle est presque palpable, maintenant. Je m’attendrais presque à voir surgir un monstre mythique, ou à découvrir un cratère avec en son centre la légendaire Atlantide, enfermée dans son bouclier. Mon imagination la dessine devant moi, palais de nacre, porte de corail, lumière bleue sortant des joyaux incrustés çà et là dans les murs et donnant la magie du mystère de cette citée engloutie. Mais quand la vision se dissipe, le retour au réel laisse devant moi un espace vide. La déception laisse place à l’inquiétude : me reste-t-il assez d’air ? Oui, mais je dois me dépêcher. La surface est encore loin. Ne pas oublier les paliers, en profiter pour observer, et au plus près de la surface, escortée par mon ami dauphin, je me retourne pour regarder au plus profond de cette nuit abyssale.

    C’est là qu’il me semble apercevoir, dans l’ombre épaisse, une lumière bleue, un reflet argenté, là où peu avant j’avais vu s’élever le fruit de mon imagination…


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